Au centre de l'arène, deux géants attachent à un pieu une petite fille vêtue de blanc. Dieu n'a pas voulu qu'elle meure, il a permis qu'on la mette à mort. Et la petite fille est grandie d'avoir accepté son martyre. C'est par ce « oui » sans doute timide, formulé peut-être en tremblant, que la petite fille de l'arène s'envole, casse ses chaînes, efface le soleil et la foule, anéantit tout. « Notre Père qui es aux cieux »… C'est à Dieu, à Dieu uniquement, qu'est destiné le « oui » de la petite fille. Au Dieu qui tressaille quand on l'appelle par son nom de Père. Ce Dieu qui entend et qui murmure : « Tiens ! Ne dirait-on pas que quelqu'un m'appelle par mon nom ? » (...) « Donnez-moi vos larmes, dit Dieu, j'en ferai des diamants… Donnez-moi votre mal, dit enfin Dieu. J'en ferai du Bien... »
Didier Decoin
Il fait Dieu, Ed. Julliard