Dieu n'est rien sans les hommes

     C'est comme ça : pour les hommes au moins, Dieu n'est rien sans les hommes. Si vous voulez aimer Dieu, il faut aimer les hommes. Vous ne pouvez pas aimer Dieu sans aimer les hommes. Vous pouvez aussi haïr Dieu et haïr les hommes. Beaucoup ont choisi cette voie-là. Je ne leur fais pas grand crédit au commerce de l'âme. Je suis de ceux qui croient qu'il est très beau mais très difficile et assez désespéré d'aimer les hommes sans aimer Dieu. (…) Dieu sans les hommes est un rêve vide, très proche de rien, un néant infini, une éternité d'absence. Il est une invitation à la solitude et à l'orgueil. Il mène à l'intolérance, à une espèce de folie et souvent à l'horreur. Les hommes sans Dieu sont guettés par une autre forme d'orgueil et par l'absurde dans toute sa pureté. Ils sont, eux aussi, sur le chemin de l'horreur et de la folie.

Jean d'Ormesson

Comme un chant d'espérance, Ed. Héloïse d'Ormesson