Il faut apprendre à être seul chaque fois où la vie nous réserve une pause. Et la vie est pleine de pauses que nous pouvons ou découvrir ou gaspiller. (…) Quelle joie de savoir que nous pourrons lever les yeux vers votre seul Visage, pendant que la bouillie épaissira, pendant que grésillera le « pas libre » du téléphone, pendant que nous attendrons l'autobus qui ne vient pas, pendant que nous monterons l'escalier, pendant que nous irons chercher, au bout de l'allée du jardin, quelques brins de cerfeuil pour finir la salade. (…) À quoi nous servirait d'aller au bout de la terre pour trouver un désert ? À quoi nous servirait d'entrer entre des murs qui nous sépareraient du monde, puisque Vous n'y serez pas davantage que dans ce fracas de machines, que dans cette foule aux cent visages ?
Madeleine Delbrel
Alcide, Ed. Le Seuil