Le Christ n'a pas achevé de se former

    Ne nous offusquons pas des prodigieuses durées qui précèdent le premier Noël. Elles ne sont pas vides du Christ, mais pénétrées de son influx puissant. Il ne fallait rien moins que les labeurs effrayants et anonymes de l'Homme primitif, et la longue beauté égyptienne, et l'attente inquiète d'Israël, et le parfum lentement distillé des mystiques orientales, et la sagesse cent fois raffinée des Grecs pour que, sur la tige de Jessé et de l'Humanité, la fleur pût éclore. Depuis que Jésus est né, qu'il a fini de grandir, qu'il est mort, tout a continué de se mouvoir, parce que le Christ n'a pas achevé de se former. Il n'a pas ramené à Lui les derniers plis de sa Robe de chair et d'amour que lui forment ses fidèles… Le Christ mystique n'a pas atteint sa pleine croissance - ni donc le Christ cosmique. L'un et l'autre, ils sont et ils deviennent.

Pierre Teilhard de Chardin

Cité par G. Martelet, Teilhard de Chardin, prophète d'un Christ toujours plus grand, Ed. Lessius