Pourquoi, après l’épisode de la Transfiguration, Jésus demande-t-il à ses disciples de ne rien rapporter de ce qu’ils ont vu ? Aux malades et aux possédés qu’il guérit, ainsi qu’aux démons, Jésus impose le même silence, y compris si le miracle a lieu en public, voire même en pleine synagogue (Mc 1, 23-28).
En fait, Marc insiste davantage que Luc et Matthieu sur le secret à garder. On appelle ainsi « secret messianique » la volonté manifestée de Jésus, dans l’évangile de Marc, de cacher sa véritable identité quand on découvre quelque chose de sa personnalité, ou de son pouvoir de guérison et de libération. Mais pourquoi Jésus agit-il ainsi ?
Il semble que Jésus ne voulait pas passer pour un agitateur politique : il lui fallait ouvrir les cœurs, lents à se laisser convaincre, à l’idée d’un Messie qui ne pourrait triompher qu’en passant par la croix : scandale pour les juifs, folie pour les païens (1 Cor 1, 23). Or évangéliser, ce n’est pas seulement diffuser une nouvelle, fût-elle bonne, car seule la grâce de Dieu peut ouvrir le cœur à la connaissance du « mystère » de Jésus.
Pierre, Jacques et Jean, qui ont contemplé le Christ transfiguré, le verront aussi à l’agonie au Jardin des Oliviers : le « secret » de la gloire leur permettra d’admettre, difficilement, l’humilité de la souffrance du Christ.