Au fond de l'abîme, le silence

     La pression du mal, son horreur, sa torture, est si forte qu'il n'y a qu'une seule réponse : le sacrifice total. C'est comme dans un vase communicant, la pression est telle que l'acte jaillit, irrépressible. Et c'est bien plus cela qu'un geste de fraternité pour sauver l'autre, geste dérisoire, car il y a tous les autres, et pourquoi sauver celui-là ? Prier ? Et où trouver des mots pour Dieu dans cette misère ? J'ai les oreilles et la bouche pleines d'une clameur de désespoir. (…) On ne répond pas par des bénédictions au désespoir. Il y a un fond de l'abîme où l'on ne peut que rejoindre en silence l'agonie de Gethsémani.

Geneviève De Gaulle-Anthonioz

Dialogues avec Michaël de Saint-Chéron, Ed. Grasset