Le terme employé par Jésus pour répondre à sa mère, aux noces de Cana, peut nous étonner et peut-être même nous choquer. Nous avons tendance spontanément à ressentir un certain malaise avec cette phrase en apparence peu amène : Femme, quoi entre toi et moi ? (littéralement). Mais il semblerait que nous ayons tort…
L’appellation « femme », sans être affectueuse, n'a rien de péjoratif. On la retrouve dans d'autres passages de l'évangile de Jean quand Jésus s'adresse à une femme de Samarie : Crois-moi, femme, l'heure vient… (Jn 4,21), ou à la femme adultère que la foule veut lapider : Femme, où sont-ils? Personne ne t'a condamnée? (Jn 8,10).
Deux fois dans ce même évangile, le mot « femme » apparaît dans la bouche de Jésus lorsqu’il s’adresse à Marie : au commencement de sa vie publique à Cana, et sur la croix, au terme de cette même vie lorsque Jésus confie Marie au disciple qu’il aime : Femme, voici ton fils. La gravité des propos de Jésus au seuil de sa mort ne permet pas de voir dans la phrase qu’il prononce à Cana des « propos de noces », d’autant qu’il les fait suivre de cette phrase cruciale : mon heure n’est pas encore venue.
En réalité, Jésus s’adresse à Marie non pas comme à sa mère, mais comme à la « nouvelle Ève », la Comblée de grâces (Lc 1, 28), celle qui toute sa vie a mis sa confiance en Dieu (Fiat), comme elle la met en Jésus au début de son ministère : Faites tout ce qu’il vous dira…